Évangile selon Saint Matthieu 23, 1-12
« Vous êtes tous frères » (Mt 23, 8)
Amour du prochain.
Tous les hommes sont enfants de Dieu, tous forment une seule grande famille de frères… Dieu, le meilleur des pères, veut voir régner entre tous ses enfants cette union, cette paix, cet amour, cette tendresse, cette condescendance mutuelle qu’un tendre père veut voir exister entre tous ses enfants ! De là viennent tous ces commandement : « Si on te frappe sur la joue droite, tends la gauche… si on te prends ton manteau, donne encore la tunique… ne résiste pas au mal… donne à qui demande, prête à qui veut t’emprunter… ne réclame ni ce que tu as prêté, ni ce qu’on t’a pris » [1].
Dieu veut que comme de tendres frères nous nous cédions tout les uns aux autres et nous laissions tout faire les uns par les autres (excepté le péché) plutôt que de troubler la paix, la charité, qui doit régner entre nous tous… D’ailleurs quand on voit que la vie n’est qu’une épreuve d’un jour, précédant le ciel… que tous les biens terrestres ne sont que de la boue… que tout acte de vertu, d’obéissance à Dieu, de charité, de condescendance envers nos frères est récompensé d’un poids immense de gloire quand on voit cela, il est évident à cette divine lumière, que ce que nous demande Dieu par ces commandements est bien peu de chose, ou plutôt n’est rien, et quoiqu’étant si peu, nous devient par sa bonté merveilleusement profitable. D’une œuvre qui, regardée selon la vérité, n’est que le sacrifice du rien, du néant d’un peu de boue ou d’une vie d’un jour, il se plait dans sa bonté infinie, à tirer pour nous des avantages immenses et éternels, comme par une nouvelle création, tirant de nouveau, à tout instant, un bien éternel du néant [2].
[1] Mt 5, 39-42
[2] M/83 en C. de Foucauld, Aux plus petits de mes frères. Méditations sur les passages des Saints Évangiles relatifs à quinze vertus (1897-1898), tome IV/2, Nouvelle Cité, Paris 1973, 88-89.