Évangile selon Saint Marc 14, 12-26 . 22-26
Merci, mon Dieu, de tout ce que vous avez voulu souffrir pour nous !.. Tout, tout, tout ce qui est douleur pour le cœur, pour le corps, vous avez voulu non le goûter, mais le boire jusqu’à la fin, pour notre amour… Pour nous sanctifier et en nous montrant combien vous nous aimez, et en nous montrant que c’est par la croix qu’on prouve son amour et qu’on se donne à Dieu.
Foi ! Foi ! Obéir à Jésus dans l’obscurité de la foi… Comme ils marchaient dans l’obscurité de la foi, les apôtres à qui vous commandâtes : « Vous verrez un homme portant une amphore, suivez-le, entrez avec lui et préparez chez lui la Pâque »…
Suivons ainsi dans l’obscurité, l’ignorance de la foi, les ordres que Dieu nous donne en nous indiquant notre devoir, soit par notre directeur, soit par les événements et les prescriptions de sa loi… Faisons à chaque instant ce que nous devons, à chaque instant le plus parfait, dans la foi, et ne nous occupons pas de l’avenir, laissons-le dans l’obscurité où il plaît à Dieu de l’envelopper… Ne nous occupons pas plus de l’avenir que si nous devions mourir dans une heure; attachons-nous uniquement à faire, dans le moment présent, ce qu’il y a de plus parfait, selon les ordres que Dieu nous a donnés [1].
«Ceci est mon corps… ceci est mon sang». …
Mon Dieu, que vous êtes bon ! Que vous êtes divinement bon ! Qu’y a-t-il, mon Dieu, à faire, devant une telle bonté, un tel don ? Il n’y qu’à défaillir, à se perdre en admiration, en émerveillement, en reconnaissance et en amour, qu’à s’anéantir à l’infini devant un don duquel nous sommes si profondément éloignés par notre bassesse… Votre divinité et votre humanité, votre corps et votre âme, tout ce que vous êtes, vous Jésus, tel que vous êtes au ciel, dans notre corps! Que d’humains à qui il répugnerait de se donner ainsi à nous !.. Mais vous, vous vous donnez à nous ainsi, pleinement, complètement, sans limite… Ô divin Jésus ! Ô Cœur de Jésus, que vous nous aimez ! Faites-nous vous rendre amour pour amour… Faites-nous défaillir en vous… Faites-nous vous aimer du plus grand amour dans notre vie et notre mort. Profitons dans la plus grande mesure possible du don de Dieu qui est Dieu, en communiant le plus souvent que nous pouvons, en étant le plus possible aux pieds du St Sacrement,… en ne perdant jamais par notre faute, par un acte de notre volonté, des biens dont le prix est infini, la présence de Dieu en nous dans la Sainte Communion, la présence de Dieu devant nous dans la visite au St Sacrement… Nous pouvons, nous devons renoncer à ces biens quand la volonté de Dieu nous l’impose… Mais de nous-mêmes, jamais… C’est Dieu, tout le reste est la créature ; c’est l’Infini, tout le reste est le fini ; c’est le Bien-aimé auprès duquel tout le reste n’est rien ; c’est Jésus et tout le reste n’est pas Lui.
Pour Jésus, pour accomplir sa volonté, nous devons parfois nous priver de le recevoir et de nous tenir en sa présence, par exemple, quand notre directeur nous le défend, quand les représentants de Dieu nous donnent des ordres qui nous le rendent impossible… quand les devoirs qu’en vue de Dieu nous devons rendre aux âmes ou aux corps du prochain, ou d’autres devoirs encore, nous montrent que la volonté de Dieu est certainement que nous soyons privés de biens si précieux, etc. Mais quand Dieu ne nous montre pas avec clarté qu’il veut qu’en vue de Lui nous nous passions du bien des biens, de la possession ou de la présence de Lui-même, de Jésus, ah ! alors, ne nous en privons jamais de nous-mêmes, faisons comme la Sainte Vierge, St Joseph, Sainte Magdeleine, considérons tout le reste, hommes, choses, occupations comme rien et jetons-nous aux pieds de notre Tout, pour y rester avec ces saints parents qui ont si bien compris la vérité des choses, le tout de Dieu et le néant de la créature, aussi longtemps que notre Bien-aimé, notre Tout, notre Dieu, notre Jésus nous le permettra [2].
[1] M/238, sur Mc 14,10-21, en C. DE FOUCAULD, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 180.
[2] M/239, sur Mc 14,22-24, en C. DE FOUCAULD, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 180-182.