Évangile selon Saint Marc 1, 29-39
« Il lui prit la main et aussitôt la fièvre la quitta»…
Merci, mon Dieu, que Vous êtes bon ! Voilà bien ce que Vous faites à toute heure pour nos âmes et nos corps ! Tout notre être a part à vos bontés ; tout ce qui souffre a part à Votre compassion… Que vous êtes bon, mon Dieu, Vous souffrez avec tout ce qui souffre, Vous pleurez avec Magdeleine, Vous gémissez en voyant les aveugles, Vous avez pitié des hommes se pressant autour de Vous, comme des brebis sans pasteur !.. Ô que Vous êtes non seulement bon, mais compatissant ! Non seulement Vous guérissez le corps et l’âme, mais Vous souffrez de leurs maux ! Que Vous êtes tendre et bon, ô Cœur de Jésus !
Soyons compatissants comme le Cœur de Jésus… Ne nous contentons pas de faire le bien, mais attristons-nous, souffrons à la vue des douleurs physiques et morales du prochain… et surtout à celle de ses péchés… Puis faisons le bien, faisons tout le bien possible envers le prochain, aux âmes d’abord et principalement, aux corps ensuite et secondairement, mais toujours aussi aux corps, comme Notre-Seigneur nous en donne l’exemple : que nos relations avec le prochain puissent, comme les siennes, s’exprimer avec un mot : charité; charité envers les âmes d’abord et surtout, et charité envers les corps ensuite mais toujours[1].
Que Vous êtes bon, mon Bien-aimé, que Vous êtes bon ! Votre vie n’a cessé d’être le modèle de toutes les perfections ; mais, parmi les actes que l’Esprit Saint a rapportés de Vous, il Vous a plu qu’il fît tellement dominer les actes de bonté, qu’à eux seuls, les actes de miséricorde envers les corps tiennent plus de place peut-être dans les Évangiles que tous les autres exemples… Quant aux actes de charité envers les âmes, toutes Vos paroles, toutes Vos actions, quelles qu’elles soient, ne sont autre chose, en tout ce que Vous avez fait sur la terre, tout, tout, tout, Vous l’avez fait en vue de Dieu d’abord, et ensuite pour le bien de nos âmes. Que vous êtes bon !
Trois enseignements, entre autres, se dégagent de ces versets. .. Charité (et pour les âmes… et pour les corps en vue des âmes… et pour les corps, parce qu’ils sont les membres du Christ)… Humilité (ne pas laisser proclamer ses bienfaits, ne pas laisser dire du bien de soi)… Ne pas se laisser louer par les méchants (nous ne devons rien recevoir des ennemis de Dieu, ni bienfaits ni louanges : nous sommes les serviteurs et les amis de Dieu, nous ne devons rien recevoir de ses ennemis, car on est toujours un peu esclave de ceux de qui on reçoit… Un seul cas est excepté, c’est celui où nous espérons en recevant de nos ennemis – qui, tant qu’ils sont hommes vivant en ce monde, sont aussi des enfants de Dieu, et ne sont pas des ennemis irréconciliables – lorsque nous espérons, en recevant d’eux de bonnes paroles ou des bienfaits, les attirer à Dieu, leur Père, les rapprocher de Lui, les faire revenir à Lui… Mais il faut en cela beaucoup de prudence et de discrétion, de pureté d’intention, et joindre à cette acceptation de bonnes paroles ou de dons beaucoup de prières… Il faut aussi dans ce cas faire la distinction entre ces ennemis de Dieu qui le sont surtout par ignorance, et ces autres chez qui il y a plus de malice, entre les indifférents et les acharnés… Il faut se souvenir que les hommes ne sont pas, tant qu’ils vivent, des démons : qu’il y a toujours à espérer pour eux ; et à la fois montrer que nous ne pouvons faire de parts avec les ennemis de Notre Dieu, et tâcher de gagner ces rebelles qui malgré tout sont Ses enfants et nos frères[2].
« Sortant de grand matin, il alla dans un lieu désert et se mit à prier»…
Merci, mon Dieu, que Vous êtes bon de nous donner cet exemple, cet enseignement ; c’est pour nous que Vous agissiez ainsi ; pour nous instruire, car Vous, Vous saviez vous recueillir en tout lieu, et Vous n’aviez pas besoin de la solitude matérielle pour être uni à Votre Père dans le secret de Votre Cœur.
Suivons les exemples que Vous nous donnez ici, mon Dieu. Se lever de grand matin pour prier, « de très grand matin », dit le texte… Prier dans la solitude, dans l’éloignement des hommes, dans des lieux où on soit seul avec Dieu, où rien ne vienne interrompre ni troubler notre prière… Lieu nocturne et solitaire[3].
[1] M/179, su Mc 1,29-31, in C. DE FOUCAULD, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 89-90.
[2] M/180, su Mc 1,32-34, in C. DE FOUCAULD, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 90-91
[3] M/181, su Mc 1,35, in C. DE FOUCAULD, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 91-92.