Évangile selon Saint Luc 3, 10-18
« Que celui qui a deux tuniques en donne à celui qui n’en a pas ; et que celui qui a des aliments fasse de même. »
Cette parole n’est pas de Vous, ô Jésus, mais elle est d’un prophète que Vous avez dit être le plus grand et des prophètes et des enfants des hommes, et on peut, et on doit la considérer comme inspirée par Votre esprit et comme parole de Dieu… Que Vous êtes bon, mon Dieu, que Vous aimez tous les hommes, Vous qui résumez ici tous nos devoirs dans l’accomplissement de la charité envers le prochain !.. Que Vous aimez les hommes, Vous qui tenez à ce point à ce qu’on les aime et à ce qu’on leur fasse du bien !.. Que Vous les aimez, Vous qui n’exigez qu’une chose pour accorder le salut : que nous ayons fait le bien aux hommes en vue de Vous (Mt 25) ; Vous qui résumez si souvent toute la loi en la charité envers les hommes ; Vous qui ici même résumez tous nos devoirs dans l’aumône !.. Que Vous aimez les hommes, ô mon Dieu, Vous qui tenez tant à ce qu’on les aime et à ce qu’on leur fasse du bien !.. Comme Vous les traitez en vrais enfants et comme Vous Vous montrez tendre Père pour eux tous !
Faisons l’aumône, non seulement si nous sommes riches, non seulement si nous avons des réserves, mais dès que nous avons plus qu’il ne nous est rigoureusement nécessaire pour le moment présent, et que notre frère est plus pauvre que nous ; dès que nous avons deux vêtements, donnons-en un à celui qui n’en a pas ; dès que nous avons de la nourriture, si peu abondante, si pauvre qu’elle soit, partageons-la avec celui qui n’en a pas ; la règle de Saint Jean est nette et claire; observons-la; l’observer à la lettre, dans sa rigueur, ce n’est autre chose d’ailleurs que d’observer le précepte « Aime ton prochain comme toi-même »… et le principe « faire pour tous les hommes ce qu’un Père très tendre veut que ses enfants fassent les uns pour les autres. »
Cette doctrine est infiniment loin de celle du monde, aussi loin que le ciel l’est de la terre. C’est une marque de sa divinité, puisque « L’Occident n’est pas plus loin de l’Orient que mes pensées sont éloignées de vos pensées »… Même quand nous le comprenons, notre nature y répugne, comme je ne le sais que trop par mon humiliante expérience ; ce combat n’est pas étonnant, notre nature viciée par le péché est charnelle, inclinée vers la terre, elle combat contre cette doctrine qui est toute spirituelle et toute divine… Plus le combat est grand, plus le devoir est grave, plus il me faut Votre secours, ô Jésus qui êtes dans mon âme. Secourez-moi, ô mon Jésus, Vous qui êtes en moi ! Ô Mère du perpétuel secours, prêtez-moi, pour obéir à Votre Fils, Votre secours tout-puissant et faites-moi la grâce de le demander sans cesse [1] !
[1] M/268, sur Lc 3,1-11, en C. DE FOUCAULD, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 225-226.