Évangile selon Saint Matthieu 22,1-14
Puisque nous n’avons pas le Commentaire de Charles de Foucauld au chapitre 22 de l’Evangile selon saint Matthieu, nous proposons une Méditation sur le Psaume 22, prévu par la liturgie de ce dimanche.
Psaume 22
Que vous êtes bon, mon Dieu, que vous êtes tendre, que vous vous appliquez, si j’ose dire, à nous consoler et à nous fortifier… Voici un des psaumes les plus doux, les plus consolants, les plus encourageants… Ô Esprit Saint, vous qui l’avez dicté, comme vous êtes bien l’Esprit de Jésus, cet Esprit qui lui fait dire sans cesse : « Ne craignez pas… ne vous troublez pas… je vous laisse ma paix ! »
Répétons souvent ce psaume, qu’il soit une de nos ressources dans les difficultés, quand nous sommes tentés de trouble, d’inquiétudes. Voici la première moitié : « Le Seigneur me gouverne et rien ne me manquera »… Oui, laissons-nous gouverner par le Seigneur, allons où il voudra, faisons ce qu’il nous demande, tâchons qu’il règne en nous, ne mettons aucun obstacle à son action… Tâchons de nous laisser gouverner entièrement par lui : chaque fois que nous croyons qu’une inspiration vient de lui, suivons-la : dans le doute adressons-nous à notre directeur et faisons ce qu’il nous dira : par cette bonne volonté absolue, par ce désir unique de faire la volonté de Jésus et cette obéissance à notre directeur son interprète, Dieu nous gouvernera, il régnera sur nous – et alors rien ne nous manquera ; car il l’a dit lui-même : « Cherchez le règne de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît » : cette parole ne passera pas, c’est l’éternelle vérité qui l’a dite : elle est un contrat entre Dieu et les hommes, contrat par lequel Dieu s’engage à donner à ceux qui cherchent à se laisser gouverner entièrement par lui tout ce dont ils ont besoin… « Il m’a conduit ici en un lieu de pâturage. » Oui, ce bon Pasteur connaît ses brebis et elles le connaissent, « Il marche devant elles, comme il le dit lui-même, et il les conduit dans des pâturages. » Il leur donne, lui, le maître de l’univers, à qui tout est facile, tout ce dont ils ont besoin pour la nourriture de l’âme et du corps… Et il le leur donne ici, en le lieu où il les a conduits, en tout lieu où il a voulu qu’ils aillent… qu’ils aillent où il les pousse, là ils trouveront les pâturages qu’il leur a préparés, ceux qu’il veut pour eux, ceux qu’il leur destine,… Comme vous me les avez donnés ici, à Nazareth, mon Dieu ces pâturages ! Quelle reconnaissance je vous dois ! Et quelle foi je vous dois aussi ! Comme je dois croire que partout vous me les donnerez, pourvu que j’aille où vous voulez, que je me laisse gouverner par vous !.. « Vous m’avez donné des eaux rafraîchissantes ; vous avez tourné mon âme vers vous. Vous m’avez conduit sur les sentiers de la justice, pour la gloire de votre nom. » Pourvu que je me laisse gouverner par vous, mon Dieu, tout tournera au bien de mon âme, tout l’unira à vous, la tournera vers vous, tout contribuera à l’établir dans la justice, dans le bien, à lui faire glorifier votre nom… « Même si je marche au milieu de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal, car vous êtes avec moi. » Même au milieu des persécutions, des ennemis, des coups, des blessures, de l’agonie, même à la porte de la mort, je ne craindrai pas, car vous êtes là Seigneur: vous êtes dans la barque: vous pouvez sembler endormi, mais vous êtes là : tout ce qui m’arrive, vous le permettez pour votre gloire, et pour mon bien, qui, par votre volonté est inséparable en ce monde de votre gloire (car c’est par le bien des hommes que vous voulez tirer votre gloire dans ce monde. « La gloire de mon Père c’est que vous rapportiez beaucoup de fruit et que vous soyez mes disciples »…) Ces persécutions, ces douleurs, cette agonie, ce martyre sont pour mon plus grand bien, c’est une grâce, c’est le moyen que vous m’offrez pour gagner le ciel, pour vous glorifier, pour vous prouver mon amour, pour conformer ma vie et ma mort à votre vie et à votre mort, pour vous imiter, vous suivre, pour marcher la main dans votre main ; et vous êtes là qui me soutenez pendant ces luttes, et qui, toutes douloureuses qu’elles puissent être, m’assistez de votre grâce et ne souffrez pas qu’elles soient un seul instant trop lourdes pour mes forces ; vous êtes là m’aidant, me soutenant jusqu’à ma dernière heure, et recevant mon âme à cette dernière heure, prêt à la presser éternellement sur votre cœur divin, ô mon bien-aimé, si elle est fidèle jusqu’au bout ; si jusqu’au bout, jusque dans l’ombre de la mort elle se laisse gouverner par vous, elle vous laisse régner en elle… Puisse-t-il en être ainsi, par votre grâce, ô mon bien-aimé Seigneur Jésus. Amen, Amen [1].
[1] M/43 sur Ps 22,1-4 en FOUCAULD (DE) C., Méditations sur les psaumes. Méditations sur les psaumes et le prophètes (1897), Nouvelle Cité, Montrouge 2002, pp. 125-127.