Évangile selon Saint Luc 14, 25-33
« Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas ne peut être mon disciple. »
Que vous êtes bon, mon Dieu, de demander à ceux qui veulent être vos disciples ce qui est pour eux le plus heureux, le plus doux et le plus haut : de vous aimer ; porter sa croix, non pas la croix, mais sa croix, c’est-à-dire la croix que vous imposez, c’est à la fois souffrir pour l’être aimé et lui obéir : le suivre, c’est imiter... Souffrir pour le Bien-aimé, lui obéir, l’imiter, qu’y a-t-il de plus doux, qu’y a-t-il qui soit plus pur amour, qu’y a-t-il qui fasse plus partie de l’essence de l’amour ?.. Comment pourrait-on croire qu’on aime, si on n’obéissait pas à un Bien-aimé parfait, si on ne l’imitait pas, si on n’était pas prêt à tout souffrir pour lui ?.. Mon Dieu, que vous êtes bon ! Toutes, toutes vos paroles directement ou indirectement reviennent à nous dire cela et cela seul : « Aime-moi. » Que vous êtes bon et que nous sommes heureux !
Embrassons la croix avec un grand courage, un grand bonheur, un grand amour ! Il est si doux de souffrir pour ce qu’on aime, quand on aime vraiment ! Ce serait si indigne que nous, créatures pécheresses, nous refusions de souffrir pour honorer notre Dieu qui a souffert pour nous jusqu’à la mort de la croix ! Obéissons, n’embrassons pas une croix de notre choix, selon notre propre volonté, portons fidèlement celle que Dieu nous donne par les événements ou par la sainte Obéissance : obéissons à Dieu en tout, en obéissant à notre père spirituel d’abord, puis si parfois les circonstances, l’éloignement, nous rendent impossible d’avoir son avis, au Saint Évangile, à la raison éclairée par la foi, à l’inspiration du Saint-Esprit, aux conseils des personnes saintes et sages. Imitons, imitons Jésus toujours, toujours, sans autres limites que la sainte Obéissance et pour cela contemplons dans l’oraison, méditons le Saint Évangile, lisons aussi les écrits et les vies des saints ; mais gardons-nous, comme dit saint Jean de la Croix, « d’imiter complètement, de prendre complètement comme modèle aucune créature, parce que toutes sont imparfaites en quelque chose, même les plus grands saints, et le diable est si fin qu’il trouverait moyen de nous faire imiter en elles précisément ce qu’elles ont d’imparfait. Imitons complètement Jésus seul. Lui seul est pleinement, entièrement parfait. Lui seul est en tout, pour tout, notre modèle ! » [1]
[1] M/377, sur Lc 14,27, en C. DE FOUCAULD, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 71-72..